Je crois que j’ai croisé Gilbert Montagné au volant de sa voiture. Ce n’est pas au moment où il sortait d’un endroit de parking non autorisé proche d’une école sans clignotant que je l’ai reconnu. C’est quand il a fait un geste ressemblant à s’enfoncer deux doigts dans les yeux pour les crever que j’ai compris qu’il indiquait qu’il était mal-voyant.
Pour dire vrai, au début, je pensais qu’il s’excusait de s’être octroyé une priorité qui me semble inexistante (j’avoue ne pas connaître le code de la route braille). Mais non, c’était vraisemblablement: “Freine et laisse-moi passer ! J’ai les deux yeux crevés et je suis aveugle.”
Ensuite, puisqu’il s’agissait manifestement une personne souffrant d’un handicap, je me suis posé la question de savoir pourquoi il n’avait pas utilisé une des deux places réservées 20 mètres plus loin ?
Ne les avait-il pas vues ?
Mais, “suis-je bête ?” me dis-je enfin; si cette personne a semblé m’adresser un signe, c’est qu’elle m’a vu et qu’elle ne peut donc être déficiente visuelle !
Or donc, si cette personne n’a aucune tare, pourquoi ne se gare-t-elle pas dans un rayon de 50 mètres de l’école, là où il y a plein de place pour déposer les enfants et les accompagner ensuite en toute sécurité. Je le sais, je vois des parents le faire tous les jours.
Et, chemin faisant, j’ai continué de réfléchir. Oui, il s’agissait manifestement d’une personne handicapée; et son geste signifiait plus certainement: “Je me suis lobotomisé à mains nues; je ne sais pas ce que je fais”.
Finalement, il la mériterait bien sa carte de parking handicapé ce pseudo-Gilbert !